Les Assistant.e.s Social.e.s du Travail sont là aussi le 6 octobre pour accompagner les salariés aidants et ceux qui ne savent pas encore qu’ils le sont…
La JOURNEE NATIONALE DES AIDANTS a pour but de mettre en lumière les personnes en situation d’aidant, enjeu majeur de société. Parler des aidants c’est permettre aux personnes qui se posent des questions de se reconnaître comme aidant, de les accompagner à trouver des solutions adaptées à leur situation mais également à celle de leurs proches.
Aidant, de quoi parle-t’on ?
Selon le Code de l’action sociale et de la famille [1] : « Est considéré comme un aidant familial, le conjoint, le concubin, […], l’ascendant, le descendant […] qui apporte l’aide humaine et qui n’est pas salarié pour cette aide« .
D’aucuns diront qu’accompagner son enfant, son parent, son proche, malade, âgé, en situation de handicap, est normal, courant, inscrit dans notre histoire, que ce n’est pas un don de soi ni un sacrifice… Il y a peu encore, il était courant que les membres d’une même famille, parfois plusieurs générations, vivent sous le même toit. Les jeunes aidaient les moins jeunes dans certains actes de la vie quotidienne, pendant que les anciens apprenaient la vie aux plus jeunes.
Les évolutions sociétales (éloignement géographique pour accéder à l’emploi, arrivée des femmes dans les organisations de travail, accroissement du nombre de couple à double carrière, de l’espérance de vie) nécessitent d’apporter un statut à ces aidants, le reconnaître et mesurer les enjeux liés à ces situations.
Considérant que le nombre d’aidants familiaux/naturels (c’est-à-dire non professionnels) est estimé à environ 11 millions en France[2] et que près d’1 aidant sur 2 est en activité professionnelle (soit environ 1 salarié sur 10)[3] , il est légitime de s’interroger sur les impacts du rôle d’aidant dans le travail et comment les entreprises accompagnent ces situations.
En effet, compte tenu de la charge imposée ou subie par ces salariés aidants, certains font le choix d’interrompre leur activité professionnelle parce qu’ils n’ont plus la capacité d’équilibrer vie personnelle et vie professionnelle :
– 54% des enfants en situation de handicap de moins de 3 ans sont gardés exclusivement par leurs parents[4] ;
– 88% des parents d’enfant en situation de handicap ont vu leur activité professionnelle impactée, en particulier les mères qui sont le plus souvent en temps partiel et en sous-emploi[5].
Les études prévoient qu’en 2050, 1/3 de la population française aura plus de 60 ans dont 16% aura plus de 75 ans, il est donc légitime d’affirmer que le nombre d’aidants ne va faire qu’augmenter.
Que ce soit en intervenant régulièrement ou de façon plus ponctuelle, l’aidant doit d’abord se reconnaître en tant que tel, ce qui n’est pas toujours une évidence. Cette situation impacte autant le salarié que les entreprises…
Quels sont aujourd’hui les impacts pour les entreprises ?
Les entreprises seront à l’avenir de plus en plus confrontées à l’augmentation du nombre de salariés ayant un rôle d’aidant. Réfléchir aux impacts de ce phénomène sur l’activité et proposer des solutions pérennes devient nécessaire :
- Pour les entreprises afin de concevoir de nouvelles organisations de travail, répondre aux obligations légales (loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement) et s’inscrire dans une démarche RSE ;
- Pour les salariés aidants afin de leur permettre la conciliation vie personnelle / vie professionnelle.
Les incidences sur le travail ?
- Augmentation de l’absentéisme,
- Baisse de la performance,
- Agressivité…
Les enjeux de l’entreprise :
- Santé au travail (risque d’épuisement),
- Fidélisation et motivation des salariés
(reconnaissance de l’entreprise),
- Non-discrimination,
- Égalité homme-femme (charge mentale),
- Performance économique (innovation des entreprises), …
Comment le service social du travail vous accompagne ?
Selon une étude réalisée en Grande Bretagne en 2013, les bénéfices à soutenir les aidants sont nombreux pour l’entreprise : augmentation de la sensation de bien-être et de la loyauté des collaborateurs, diminution des arrêts maladie et de l’absentéisme, amélioration du management, efficacité des équipes et augmentation de la productivité, diminution des recrutements.
Informer sur les dispositifs[6] et en faciliter la saisine, exemple :
- Le congé proche aidant (désormais indemnisé) ;
- Le congé de solidarité familiale ;
- Le congé de présence parentale ;
- L’AEEH (Allocation d’éducation de l’enfant handicapé) ;
Renforcer la visibilité du service social du travail sur le sujet pour permettre aux salariés de trouver des relais.
Réaliser des actions de sensibilisation des élus/des managers pour leur permettre de détecter les « situations à risque » et les orienter vers le service social du travail ;
Proposer un diagnostic pour recenser les salariés concernés et ainsi vous permettre d’adopter un plan d’action cohérent : accompagnement collectif et/ou individuel par exemple, temps de pause et d’échanges, traitement de la question des aidants dans les accords QVT (don de jours de repos par exemple), etc.
Pour aller plus loin, reconnaître les compétences acquises en tant qu’aidants pourrait favoriser l’évolution professionnelle des collaborateurs. En effet, l’aidant familial peut bénéficier de formations et prétendre à la validation des acquis de l’expérience (VAE) s’il le souhaite.
Le service social du travail vous accompagne pour traiter ces questions, n’hésitez pas à nous contacter.
[1] Article R245-7 du Code de l’action sociale et des familles
[2] Enquête nationale Ipsos-Macif 2020
[3] Fondation Mederic Alzheimer- baromètre des aidants 2017
[4] Centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP)
[5] Etude Opinion Way “familles et handicap”
[6] La loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement, entrée en vigueur le 01 janvier 2016, est venue reconnaître le rôle de proche aidant mais reste encore méconnue – Article essentiel autonomie – Malakoff Humanis
Lucile Enjourant et Julie Mendez,
Assistantes sociales du travail